De temps en temps, il faut se poser un peu, prendre le temps, et considérer froidement la situation. Et la conclusion est sans appel : notre retard de développement est trop grand, trop important.
Pourquoi ce pessimisme ? Il suffit d’observer les réalités à Madagascar. J’avais déjà évoqué le sujet il y a un peu plus de 2 ans mais aujourd’hui, je peux vraiment mesurer ces réalités car je n’y vis plus, et je peux voir le fossé, que dis-je, le gouffre avec le pays dans lequel je vis aujourd’hui, et ce dans tous les domaines.
Ceux qui habitent et vivent en France (ou ailleurs) savent très bien de quoi je veux parler, de ce sentiment étrange qui les habite dès qu’ils débarquent à Madagascar, et ce dès Ivato même.
Pour la petite histoire, j’ai une petite nièce, malgache, qui a mis les pieds pour la première fois de sa vie à Antananarivo il y a quelques années, alors qu’elle était encore très petite. Et savez-vous quelle a été sa première réaction ? Sa première réaction a été : « oh la la, c’est pauvre ici« .
Ouch, la vérité sort toujours de la bouche des enfants à ce qu’il paraît. Mais se recevoir un uppercut pareil dans la gueu*e, ça fait quand même mal.
Comment ça c’est pauvre ? Car c’est sale, les gens sont sales, les maisons sont sales, les infrastructures sont moches, grossières, sans aucune finition, il y a de la poussière partout, les marchés sont d’un autre siècle, les enfants sont morveux, avec des vêtements en loques, ça pue partout, il y a des mouches partout.
Donc forcément quand vous venez d’un pays où c’est propre, où les gens sont propres (en général), où les infrastructures sont jolies, soignées et bien finies, où il n’y a pas de poussière, où les marchés sont propres, où les enfants sont propres et bien habillés, où ça ne pue partout, où il n’y a pas de mouches, on comprend mieux maintenant la réaction de ma petite nièce.
Oui je réalise que ce que j’écris fait mal, très mal, mais il n’y a que la vérité qui blesse. Quand on vit à Madagascar on ne fait plus attention à tout ce que je viens d’écrire, on ne les voit même plus tellement on a la tête dans le guidon, de (presque) tout temps ça a été comme ça.
Et la mentalité a suivi le même chemin. Pourquoi s’emmer*er à changer les choses, ça a été toujours comme ça, alors pourquoi s’embêter ?
Pourquoi on devrait s’embêter ? Tout simplement car le peu que vous aviez jusqu’ici est en train de disparaître, faute de ne pas avoir investi sur l’avenir.
Comme quoi par exemple ? Et bien prenez l’eau et l’électricité pour commencer. On ne reviendra pas sur les affres au quotidien que les Malgaches subissent. Les routes ensuite : si les embouteillages étaient exceptionnels il y a 5-10 ans encore, vous voyez la situation infernale aujourd’hui. Et puis ces hordes de pauvres partout, c’est effrayant. Et qui se reproduisent encore et encore. Et cette zéro industrialisation qui pauperise 92% de la population. Les 99,9% seront certainement atteint bien avant 2025. Les 0,01% quand à eux seront encore plus riches.
Bref, pour paraphraser un ancien Président de la République française, l’homme malgache ne sera malheureusement jamais rentré dans le XXè siècle.
Et il n’y a pas à faire semblant de chercher c’est la faute à qui. C’est tout simplement la faute à tous les dirigeants qui se sont succédés à la tête de ce pays depuis l’indépendance, il y a 60 ans. Les Malgaches ne sont donc pas prédisposés à diriger un pays, on ne sait pas si c’est par manque de compétences, par manque de charisme et de leadership, par manque de vision, par manque d’honnêteté, par manque de rigueur, par manque de fermeté, par manque de patriotisme… par manque de tout ça, on va la faire court. Pour ma part, l’exemple viendra toujours du plus haut sur la pyramide, et par effet boule de neige, devrait déteindre au fur et à mesure que l’on descend la pyramide.
Pour donner une illustration basique : si le Président de la République roule en Cadillac Escalade, on espère quoi des Ministres ? Qu’ils roulent en Karenjy ? Ataovy sérieux.
Par contre si le Président de la République roule en Karenjy, vous pensez que les Ministres oseront rouler en Toyota V8 ?
C’est ça l’exemple qui vient d’en haut. Et depuis 60 ans, il n’est malheureusement jamais venu. Même si tout semble fou*u, mba tongava saina daholo amzay tenisany.
Beaucoup d’amertumes mais aussi de fitiavana dans ce chronique du jour.
🙂
On se complait dans la médiocrité, la saleté, l’oisiveté, le moramora dans toute sa splendeur.
Certaines personnes ne veulent mm pas faire d’effort pour améliorer leur bien-être: sur la photo par exemple, ça ne leur coûtera rien de nettoyer la crasse devant chez eux, mais ils attendent le président pour nettoyer ça?
En passant, saleté ne rime pas forcément avec pauvreté, j’en connais des personnes qui ont des camions et des 4’4 qui sont sales, ne se brossent pas les dents, qui sont berk sur tous les plans.
Comment nettoyer un lac à mer*e à part quitter les lieux, mais vous avez entièrement raison dans vos propos « lanona ». Rappelez-vous des phrases de Ravalomanana « izay maha faly azy no ataony fa tsy izay mahasoa azy« . C’est actuellement le cas puisque l’anarchie domine les mentalités et bien évidemment la société toute entière « zay vita » comme tout le monde le dit si bien ici
Excellent chronique l’Elman!
Il est vrai de dire que l’exemple vient d’en haut. Nous n’avons pas de dirigeants qui nous servent d’exemple. Un président ne peut pas tout résoudre sur un coup de baguette magique qui qu’il soit, peu importe ses moyens, mais au moins qu’il donne l’exemple. Il est sidérant de voir le Karenjy du Pape et la Cadillac Escalade du président côte à côte. Au moins le Pape il a tout compris même s’il est l’un des présidents le plus influent du monde. Je suis prêt à parier que les gens qui habitent le taudis sur la photo ont des phones portables. Notre pauvreté est surtout mentale!
Quand le Préside roule en Cadillac Escalade, il veut impressionner qui?
C’est le paroxysme du bling bling et du 3V !
rdisapora> Il veut s’auto-impressionner pour se croire être au dessus de tous 🙂
Le malgache aime s’éclater avec les grosses voitures.
impressionner qui ? hihihi
oui, partout, la tete donne l’exemple.
chez nous, ce sont des pitaribato vilambava
Vous êtes gentil d’appeler ça « retard de développement ». A ce point là c’est plus qu’un retard. Beaucoup plus. C’est autre chose de pire qu’un retard. Un retard implique qu’on va arriver au rendez-vous. En retard mais on y sera. Là on se demande tout simplement comment pourrait-on arriver à ce rendez-vous du développement.
On n’en prend même pas le chemin 😆
Il faut dire qu’il y avait Un qui avait pris un tunnel dont on n’est jamais sorti depuis, personne n’a compris pourquoi il a pris ce tunnel…
Aujourd’hui on est passé au 21 éme siècle sans être entré dans le 20 ème, le retard s’accentue de plus plus …
Tout à fait d’accord, en retard c’est quand on va dans le même sens mais lentement!
Là, on va dans le sens opposé! On recule! On s’éloigne du rdv. On le fuit le rdv.
Si on va dans le sens opposé, ça serait encore une bonne nouvelle. Car on saurait qu’il suffirait de faire demi-tour pour y arriver. Mais on ne sait même plus dans quel foutu chemin on s’est embarqué. On fait même peut-être du hors-piste. Very lalana.
1 pas en avant .. 2 en arrière.. et on virevolte.. et on repart 1 pas en avant.
La valse endémique.
mdr. Excellent.
« Valse endémique » iny ndray no tsy hitako 🙂
A un certain moment, on a fait quelques pas en avant sans avoir fait de pas en arrière … un début de quelque chose, l’aube d’un nouveau jour (entre 2002 et 2009 je dirais). Même si certains ne le reconnaitront pas.
Puis, on était devenu le roi du « moon walk » puissance 10 … et on virevoltait … et on repartait 1 pas en avant … et ….
ah oui effectivement le moonwalk
le célèbre rdv gasy … 😛
mdr ! le fotoan-gasy à l’échelle économique mondiale.
sans parler du fait que le développement est le point de départ et non l’arrivée dans le contexte d’échange mondial. c’est dire à quel point la bataille est dure à gagner.
le rasta avait pourtant dit que c’est normal que le prezida roule en cadillac escalade, donc ça va
En toute humilité j’avoue avoir fait ce même constat il y a 25 ans.
Et parfois j’ai été insulté pour mon partage.
Je suis triste de voir que vous faites le constat d’une certaine pérennité de situations.
La question est maintenant de choisir d’amorcer un changement.
Qui va prendre l’initiative de lancer ce changement, et avec quelle équipe ?
Je ne crois pas que les malgaches soient incapables de changer, ce serait une erreur de la nature.
Qui va pouvoir accompagner, aider les Malgaches a opérer ce changement ?
C’est toute l’organisation qui est à revoir, il y a trop de bureaucrates, que ce soit au niveau des communes ou des ministères.
Sur le terrain il n’y a personne. Personne pour sensibiliser à la propreté, pour le paiement des impôts pour au moins l’enlèvement des ordures, rien pour la sécurité. Si c’est pour vendre les tickets aux marchands ambulants, en revanche, les agents sont toujours présents.
Exact.
Il semblerait qu’à Mada il n’existe que 3 types d’activité : bureaucrate/fonctionnaire, marchand (de rue de préférence, à Tana si affinité) et malfaiteur. Le reste existe à dose homéopathique.
je suis d’accord avec vous
fa ny tena mampalahelo ange dia eo @ io rano io ihany ireo olona ireo no manary pôt, manary fako, manary rano maloto (eaux usées, eaux vannes => pôt)
Ary ny tena olana dia ny ankabeazan’ny olona @ ireo dia olona avy any ambanivohitra fa lasa nonina teto Antananarivo, izany hoe ny exodes rurales no tena tsy voafehy. Maro @ ireo olona miasa an-trano, na mpivaro-mandeha tonga eto Tanà no tsy tafody dia eny no mora ny hofa-trano na azo anorenana trano hazo tsy misy bedy, fa dia lasa fonenana mandrakizay r’efa tsy misy tomony ny tany, na tsy misy manaisotra azy
zay ilay tsy misy infrastructures de base : canaux, égouts .. bricolage daholo avy eo.
izany mihintsy
ary izay koa no olana @ ity rembais etsy sy eroa ity, satria ireny atao nefa tsy mba misy fiheverana ny assainissement, sady nefa mbola misy olona mamboly manodidina ka na dia ny système d’irrigation ho an’ireny aza tsy ataon’ny mpanambola manao remblais ny pleine d’Antananarivo. Hany ka miara potika eto, atao fotsiny izay hanaovana ilay remblai sitrany ahay mananan tany midadasika moa ilay fanjakana izay lasa fanjakan’ny baroa tsy mba manana exigence @ resaka assainissement, irrigation fa faly maka vola @ ireo tompon’ny tany fotsiny. Raha ny marina ireny tany totorana ireny tokony hisy dalots, buses sns mba mifandray @ ireny renirano na lalan-drano ireny mba ho évacuer ny rano r’efa tena avy ny orana, fa dia samy manao izay danin’ny kibony hany ka dia ny arabe no tototra satria tsy misy hivarinany ny rano. Caniveau, cunette kely eny amorondalana ve hahavita ny évacuation an’Antananarivo! fa ireny mpanambola manototra ireny no tokony ho noteren’ny fanjakana nanao plans d’évacuation fa tsy faly ny manototra fotsiny nefa ilay pleine tokony hivarinan’ny rano no lasa tany tsy afaka hivarinan’ny rano intsony
Milaza an’io ianao fa gaga ah nahita reny fanamboarana lalana sy tatatra @zao ireny fa misy ireny tatatra reny natao lavaka b fotsiny, eo a@ 3 mètres de profondeur eo dia ao zany ny rano no hiangona, fa tsisy évacuation.
ka ny mety ho tanjony @ iny dia fossé en terre , izany hoe tonga dia tranchée filtrante angamba ; satria mety mila mamaky arabe na lalandavitra hivarinan’ny rano dia nefa tsy misy vola na koa mila mamaky tranon’olona maro² vao tonga eny @ famarinan-drano
vous avez entièrement raison : cette décadence , cette descente aux enfers se sont aggravées surtout depuis le coup d’Etat de 2009, il faut bien préciser ça
Tous nos malheurs ( corruption- insécurité- vindicte populaire- ordures- etc .. ) depuis la transition ( 90% des Malgaches pauvres )
Mais les Malgaches sont des naifs car ils acceptent tout : meme les responsables de tout çà
Pour moi c’est le coup de 1972 II est le point de départ de la pente descendante.
Mais peut être ne l’avez vous pas vécue….
C’est vrai que 2009 était juste une péripétie sur la longue descente aux enfers entamée en 1972. L’origine du mal est là. Dans cette mentalité qui a prévalu en 1972, et qui prévaut encore aujourd’hui quoi qu’on en dise. La preuve, chaque crise politique commence toujours sur la place du 13 mai 1972. Comme si les Malgaches se trouvaient dans une boucle temporelle infinie qui revient toujours en 1972.
La révolution tsaramaso. 😀
le fameux plat, on y revient toujours !
à partir de 1972, on a glissé sur une pente descendante,et en 2009, on a fait le grand saut 🙂
L’armée était encore très respectable en 1972, même en 1991
Joli billet! très vrai! la n-ième de ce type.
Surtout depuis que vous vivez maintenant en France. Les petits détails, sur les gens, le comportement au quotidien, les petites choses qui font qu’on se rend compte que nous sommes à des années lumières du développement.
Le pire c’est que les gens aiment cette mentalité de médiocrité (c’est pas une nouveauté).
Là où ça me gonfle à un point, c’est sur facebook. Cet outil qui met en lumière notre mentalité.
Les gens qui montrent fièrement les photos des Ambanivohitra, qui n’a quasiment pas bougé en 150 ans! Ces maisons traditionnelles qui ne changent pas (oui on peut garder l’aspect extérieur pour le côté patrimoine) mais l’intérieur vous pouvez changer…
Les initiatives par-ci par-là pour développer Mada pullulent dans tous les sens avec cette nouvelle génération 2.0. Mais malheureusement, c’est une génération superficielle, qui ne s’occupent pas des problèmes de fond car elle ne voit pas, elle ne la perçoit pas. Elle ne soignera qu’en surface.
On sait tous que la défaillance est plus profonde. Et le plus grand danger est que beaucoup de malgache maintenant n’a connu que la misère.
le président lui-même est né dans cette fatalité et médiocrité et tous les qualificatifs que vous citez. Il a tout simplement eu la « chance » (si on peut appeler cela la chance quand tout autour il n’y a que la saleté et la pauvreté) de naître dans une famille bourgeoise qui habite une maison en dur, qui n’a jamais manqué de rien.
Il ne peut pas donner l’exemple tout simplement parce que ça lui fait peur et il n’a jamais connu la pauvreté matérielle.
Il est inconcevable pour quelqu’un qui est né riche de finir comme un pauvre, sauf bouddha.
Vous savez quoi, la seule facon pour faire avancer les malagasy c’est par la manière forte. On impose tout, on sanctionne fortement ceux qui ne veulent pas suivre l’ordre. Ratsiraka et Ravalomanana l’ont bien compris.
Inona kay no mahatonga hoe rehefa vazaha ny deba dia mandroso foana ny zavatra atao e?
Tout à fait d’accord! Mais qui doit maîtriser qui, qui doit sanctionner qui? Tout le pays est corrompu depuis la tête de l’état jusqu’au pékin tireur de charrette …
Un deba vazaha montre l’exemple d’intégrité, d’effort sans relâche et de semblant de respect de soi, il est du coup respecté et le monde avance avec lui.
Qu’en est -il du deba gasy qui se sert sans vergogne dans la caisse et qui traîne sa petite maîtresse au su et au vu de tous?
Aussi intègre qu’il soit le deba gasy… Il y aura toujours ceux qui ne vont pas le suivre car « miseho milay, miseho ny maha izy azy, etc »
Le babakoto moyen a tendance à refuser que son semblable puisse être meilleur que lui.
Un chef intégré est souvent respecté chez nous. Mais je suis d’accord il faut qu’il soit irréprochable en tout point de vue, mahay be, bogosy, tsy manao sipa, tsy mangalatra … Un ange quoi 🙂
Entièrement d’accord
tres vrai
Hier aux 67ha, un sale type a essayé d’ouvrir la porte d’un pickup pour dérober la passagère. Le chauffeur a accéléré et l’a traîné sur des dizaines de mètres. Il finit à terre. Ses complice se ramènent et font croire à un sauvage au volant. Heureusement que quelqu’un a filmé la scène sinon c’était vindicte populaire pour le chauffeur et sa femme.
Pays de merd* !
Oui mais comme par hasard Ratsiraka et Ravalomanana se sont pris un 13 mai. Ratsiraka s’en est même pris 2. 🙂 Moralité, il faut appliquer la manière forte, mais à condition d’être vraiment très fort. Pas juste autoritaire un peu dictateur sur les bords.
Très fort Ok, mais fort en quoi? Riche, beau, intellectuel, intègre… ?
Il faut avoir de l’audace.
Très fort en basy. What else? 🙂 Deba et Ra8 ont joué au fort. Mais ils n’avaient pas les basy jusqu’au bout. Voilà.
Tsapao aloa ny heriny la lol
Izay ilay izy. Il ne faut jamais se lancer dans un conflit, quel qu’il soit, sans connaître sa vraie force dans le contexte de ce conflit. Et il ne faut pas se tromper. Si on veut jouer au dictateur ou à l’homme fort, il faut s’assurer qu’on en a les moyens.
Leçon 4 « Les guerriers victorieux gagnent d’abord et vont ensuite en guerre, tandis que les guerriers défaits vont à la guerre puis cherchent à gagner. »
Excellent ça! 🙂
L’art de la Guerre, de l’excellent Sun Tzu 🙂
Toujours d’actualité. Même dans 10 000 ans en fait. 🙂
Merci pour cet article pertinent… Le pays tout entier est encore loin de la culture du beau! Je dirai même que c’est difficile d’y parvenir tant que le malagasy lambda est préoccupé par la dure réalité quotidienne: trouver à manger par exemple.