On ne peut pas forcer les gens à vous aimer

Allons donc, une nouvelle dissertation sur l’amour ? Euh oui, en quelque sorte. Alors qui aimerait bien se faire aimer par qui ? Un Président de la République par son peuple par exemple ?

A l’heure où nous parlons, prenez n’importe quelle catégorie de la population, le constat c’est que c’est la totale désaffection entre son Président de la République et elle. Ce n’est pas du “halako bika tsy tiako tarehy“, c’est une réalité. Tout le monde est fatigué de la vie actuelle. On ne reviendra pas sur la rengaine habituelle de l’insécurité, de la hausse insupportable du coût de la vie, du carburant (bah tiens, c’est bientôt le 1 mars), de la corruption, de l’état lamentable des routes et autres “joyeusetés” de la vie à Madagascar, les Malgaches, les actunautes qui sont à Madagascar les vivent au quotidien, donc inutile de s’apesantir là-dessus. Tiens, d’ailleurs au moment où j’écris cette chronique, je suis dans le noir, c’est pour vous dire dans quelles conditions nous vivons et nous travaillons ici à Madagascar.

Mais quand vous en parlez avec eux, avec ces différentes catégories de la population, ils en pensent et ils en disent quoi des dirigeants ? Euh je préfère m’abstenir de rapporter les noms d’oiseaux pour passer au travers des fourches claudines du Code de la communication mais le fait est là, il a beaucoup de gens désabusés, en colère, désespérés même. Tezitra be, comme on dit en malgache.

Donc pour en revenir à l’objet de cette chronique, nous sommes malheureusement loin du grand amour entre les dirigeants et leurs administrés. Et à cause de cette désaffection, aucune action de ces dirigeants ne trouvera jamais grâce aux yeux de la population. On nous parle de Vina, d’émergence, de 2030, tout ceci ne peut que soulever méfiance et réflexions ironiques voire caustiques car la confiance n’a jamais été là, depuis le début. Quand à l’amour, c’est sans doute trop demander, mais là aussi, même pas en rêve.

Un peuple qui aime son Président ce serait quoi ? C’est un peuple qui sent que son Président est vraiment proche de lui. Qui se préoccupe de son bien-être. De sa sécurité. De son pouvoir d’achat. De sa santé. Qui se bat pour tout ça jour et nuit. Tout le monde ne souhaite pas devenir milliardaire mais tout le monde souhaite avoir un minimum vital, un environnement dans lequel il pourra s’épanouir. Est-ce le cas aujourd’hui ? Non. Est-ce que ce sera le cas en 2030 ? Au vu des 5 dernières années, non. Pendant 5 ans, on n’a vu qu’affaire sur affaire, des Claudine, des conseillers qui brusquement possèdent une écurie automobile à faire pâlir de jalousie un quelconque émir du golfe persique, de la corruption au plus haut niveau de l’Etat jusqu’au planton de service (qui connaît le cousin du Ministre), des pneus facturés en millions d’€, et on en passe et des meilleures. Donc donnez nous une seule bonne raison pour que cela change ?

Mais pour moi, le plus gros fossé entre ces dirigeants et son peuple, sur la forme, c’est très certainement ces cortèges hurlants qui passent à toute berzingue et qui vous obligent à vous rabattre sur le côté, comme un malpropre. D’accord, c’est le “Fanjakana” mais rappelons-nous un peu qui devrait être au service de qui ? Quand on est aimé par son peuple, on ne roule pas à ces vitesse indécentes pour faire croire que l’on est pressé, que l’on travaille. Moi Président (en 2028), je roulerai pépère dans ma Perline et je m’arrêterai tous les 10 mètres. Pour m’enquérir de la situation des personnes que je croiserai.. et leur serrer la main. L’art d’aimer les gens, c’est d’abord et avant tout le plaisir .. de partager avec eux ? Le gars qui prend son petit café dans une gargotte, achète une glace pour le gamin dans la rue ou encore du poisson frit sur la plage, il a tout compris lui 🙂