Quelle marge de manoeuvre pour Andry Rajoelina ?

L’état de grâce durera très peu de temps pour le nouveau Président de la République. A la réflexion, il n’en aura même pas du tout, vu l’état de délabrement avancé dans lequel se trouve le pays Madagascar en ce début d’année 2019. Que va pouvoir faire Andry Rajoelina ? Quelle sera sa marge de manoeuvre ?

Les promesses de campagne sont une chose, où chacun irait même jusqu’à promettre la lune pour être élu. Les réaliser seront une autre. Car comme d’habitude, ce sera le nerf de la guerre qui décidera de la réalisation de ces promesses. Ou pas.

Rappelle-toi, la Transition

Premier écueil et non des moindres : après une Transition catastrophique (mars 2009-dec 2013), tout le monde guettera bien entendu les premières réactions à l’international. La période Transition sera-t-elle définitivement éliminée de la mémoire des bailleurs de fonds… ou bien en restera-t-il encore quelques réminiscences ? Dans ce cas cela se traduira automatiquement par des réticences qu’il va de nouveau falloir surmonter et donc un retard à l’allumage certain.

Entendons nous bien : même si Andry Rajoelina n’était pas mon choix premier dans cette élection, je n’ai aucun intérêt égoïste ou mesquin à le voir se planter méchamment. Car s’il se plante méchamment, ce sera une fois de plus le peuple malgache tout entier qui morflera. Est-ce que c’est cela que nous voulons ? Sommes nous tombés si bas dans notre mentalité ?

Oui mais est-ce que cela veut dire qu’il faudra aider Andry Rajoelina ?

Euh non, je vous rassure, n’exagerons pas non plus 🙂 Ou du moins pas directement : la meilleure manière de l’aider sans avoir à le faire directement, pour ceux qui ne le souhaitent pas, sera tout simplement de surveiller et de commenter tout ce qu’il fera. Lui, et surtout son entourage d’ailleurs.

Car entendons nous bien : nous ne sommes plus dans la Transition où Monsieur Rajoelina pouvait faire à peu près tout ce qu’il voulait, sans quasiment en rendre compte à qui ce soit. Ça c’est terminé, car si on veut intégrer le concert des Nations, on ne fait plus ce que l’on veut et on doit rendre des comptes. Au peuple pour commencer. Ensuite, il va falloir intégrer des concepts comme “Droits de l’Homme”, sauvegarde des ressources naturelles ou encore justification des destinations des financements.

Donc terminé les contrats opaques de derrière les fagots à la sauce Wisco. Terminé les petits copinages discrets, les petits arrangements entre amis dont certains on se demande ils sortent d’où. Terminé les enrichissements rapides et inexplicables, donc illicites. Avec les réseaux sociaux et une certaine presse d’investigation qui commence d’ailleurs à se mettre en place, il serait suicidaire pour ceux qui seraient tentés de le faire de camoufler certaines indélicatesses : ça se saura toujours, un jour ou l’autre, c’est tout ce que j’ai à dire.

Alors, toujours pas d’opposition officielle ?

Et il serait sans doute temps que l’opposition se formalise enfin dans ce pays ? Ou bien nous en sommes encore aux habituels “mpamadika palitao sakaizany mpandresy” ? La chasse aux seza est ouverte, les CV en train d’être réactualisés ? Mais bon après tout, chacun fera comme bon lui semblera.

Pour ma part, ainsi que pour bon nombre d’entre vous, chers actunautes, nous nous bornerons donc à faire comme je l’ai mentionné plus haut : observer, analyser et exiger que l’on nous rende des comptes. Et bien entendu, toujours dénoncer tout ce qui est malversations, corruption, fraudes et assimilés.

Voila. Pour le moment, il n’y a pas grand chose à faire ou à dire, ouvrons simplement grands nos yeux et nos oreilles, et attendons patiemment. Il devrait y avoir de l’action très rapidement, ce qui est le propre du TGV non ?