Les bonnes recettes de cuisine

Depuis bientôt un an, ardine et moi nous vous avons fourni de bonnes recettes de cuisine. Ce sont des recettes testées, éprouvées, bien dosées et en général, si vous avez bien suivi la notice, les ingrédients et les étapes, vous avez certainement obtenu vous aussi de bons petits plats maison chez vous.

Alors, c’est quoi le propos aujourd’hui ? Le propos est que pour réussir quelque chose de bien, il faut suivre scrupuleusement la recette.

Quand on regarde l’état catastrophique de Madagascar en 2018, le constat est donc là : la recette pour le développement n’a pas été suivie, c’est aussi simple que cela.

Alors, c’est quoi la recette ? La recette je ne sais pas trop mais les ingrédients on les connaît tous. Des infrastructures solides et pérennes, de l’éducation pour sortir la plèbe de sa crasse ignorance, une économie et des industries solides pour créer de l’emploi, des richesses, de l’argent, de l’impôt et de la taxation pour financer les investissements publics, des forces de l’ordre pour assurer la sécurité publique, un service de santé publique pour donner soins et bien-être à la plèbe : c’était tout ça les ingrédients pour accéder à un minimum de développement.

Et donc 58 ans après ? La mauvaise nouvelle est que la recette a disparu et pis encore, les ingrédients aussi avec.

Donc sans recette, sans ingrédients, on s’attend à quoi ? A ce que le yaourt maison apparaisse par magie ? A ce que la crème renversée se renverse d’elle même ? A ce que le ravintoto et le hena-kisoa surgissent de la marmite ? A ce que le henanomby ritra apparaisse par miracle dans les assiettes ?

Soyons sérieux. Les Malgaches ont une certaine propension au “mino mino foana” mais sur ce coup ci il n’y aura pas de miracle.

Et pourtant après notre indépendance nous en avons eu des ingrédients ! Les colons nous ont laissé bon nombre de choses mais les colons ont oublié de nous laisser le plus important : la recette.

Du coup que s’est-il passé ? Et bien nous avons tout simplement bouffé les ingrédients, un par un, jusqu’à la substantifique moelle ! On a tout mangé, tout sucé, on s’est bien délecté un temps et puis ? Et puis au fil du temps, il n’y a plus eu d’ingrédients à bouffer.

Et du coup nous nous retrouvons en 2018 : les ingrédients ont tous été mangés. Nous n’avons jamais pensé à renouveler ces ingrédients sauf au gré d’incessants “mangaatakare” … auprès de l’ancien colonisateur 😯 , nous ne nous sommes jamais préoccupé en 58 ans de chercher la recette et le constat est sans appel : la marmite est vide, la yaourtière est vide, le frigo est vide. Et toute la maisonnée a faim !

58 ans à bouffer tous les ingrédients donc. Et regardez le résultat en 2018 : une Jirama moribonde, une compagnie nationale aérienne moribonde, des routes moribondes, des infrastructures moribondes, une santé publique moribonde, une sécurité publique moribonde, une monnaie de singe moribonde, une industrie moribonde …

Dans un prochain épisode de “je me paie d’abord” je vous enseignerai que ce n’est jamais une bonne idée de vivre sur ses acquis, de vivre sur son capital. Les colonisateurs nous ont laissé un capital sous différentes formes et nous en avons fait quoi ? Au lieu de l’utiliser et de le faire fructifier (“roa avy heny”), nous l’avons mangé tout simplement, alors que nous sommes loin d’être des rentiers.

Donc plus d’ingrédients, pas de recette : et pour moi l’équation est très simple. Je voterai pour celui ou celle qui me convaincra qu’il est capable d’obtenir et de renouveler nos ingrédients, et surtout qui aura la recette magique pour enfin pouvoir faire nos bons petits plats maison : quand, comment, qui, avec quoi.

Ceux qui me promettront juste que dans 5 ans ou dans 30 ans tout le monde aura son yaourt maison pourront aller voir ailleurs si j’y suis. Et n’y voyez aucune allusion à un quelconque laitier, il n’y en a pas.