La filière litchi défraie la chronique judiciaire

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La filière litchi défraie la chronique judiciaire

Le Groupement des Exportateurs de Litchis (GEL) a créé une caisse de résonance, que les membres auraient sans doute souhaité moins bruyante, en s’en prenant à Transparency International-Initiative Madagascar (TI-IM), qui est dans son rôle de lanceur d’alerte en matière de corruption. La plainte déposée contre l’ONG, qui dénonce des faits de corruption transnationale, de blanchiment de capitaux et de fraude fiscale dans la gestion de la filière, a attiré un peu plus les projecteurs sur un secteur dont le collectif s’est vu confier l’exclusivité de la responsabilité, en 2011, durant la période de transition dirigée par Andry Rajoelina, devenu président de la République lors de l’élection de 2018.

Arguer de « dénonciation calomnieuse, dénonciation abusive, dénigrement et désorganisation », en réponse à la double plainte en justice que TI-IM avait introduite, le 10 novembre, auprès du Pôle anti-corruption d’Antananarivo et du Parquet National Financier de Paris, manquait de consistance, à quelques encablures du début officiel de la campagne de récolte.

Sur la base des résultats de 3 années d’enquête, l’ONG évoque une sorte de réseau transnational du litchi qui déploie ses activités entre Madagascar et la France, principal pays de destination de l’Union européenne (UE), en passant par l’Île Maurice – via la société offshore Litchi Trading Company (LTC), structure de transit des transactions financières. Elle avait déjà eu l’occasion de dénoncer, en avril 2021, ce qu’elle considérait comme des dérives dans la gestion de l’exportation du litchi, depuis une dizaine d’années, et notamment le verrouillage de l’exportation de ce produit vers l’UE par le biais d’une entente entre le GEL et deux importateurs français, la Compagnie fruitière et Univeg Katope, devenu Greenyard Fresh France.

L’autorisation de l’importation de produits soufrés au sein de l’UE, à partir de 1987, avait permis à Madagascar d’accroître sensiblement ses quotas d’exportation. Le soufrage permet de bloquer la maturation du litchi pendant quelques semaines et donc de préserver sa durée de conservation, le temps nécessaire pour acheminer les produits en Europe par bateau. Par la réduction des frais d’approche, ce type de transport a rendu abordable la consommation d’un fruit jusqu’alors réservé aux plus aisés, à l’occasion des fêtes de fin d’année.

À la suite de la plainte du GEL, les deux principaux dirigeants de TI-IM, Dominique Rakotomalala (président) et Ketakandriana Rafitoson (secrétaire exécutive), ont été auditionnés par la police économique et sont en attente de leur présentation devant l’autorité judiciaire. Cette intimidation déguisée a fait réagir les chancelleries occidentales – Ambassade de France, Ambassade d’Allemagne, Ambassade Royale de Norvège et Délégation de l’Union européenne – qui se sont fendu d’un communiqué conjoint, le 24 novembre, pour exprimer leur désapprobation à l’égard de tout agissement susceptible d’affaiblir le combat contre la corruption ou de miner la lutte pour la transparence. À moins d’un an de l’élection présidentielle, l’affaire attire encore plus l’attention des observateurs pour lesquels elle constitue un trait significatif de la gouvernance économique de la Grande Île.

Aux dernières nouvelles, le PNF de Paris étudie la plainte déposée par TI MG.

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zafimbaza
1 année il y a

Bref , le temps des débats traîneront et les litchis seront pourris .

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