Permettez-moi de garder ma liberté de penser

Avant, c’était une fierté de fixer le drapeau national sur la façade de sa maison. Mais ça c’était avant.

A moins de 15 jours du 26 juin et comme on l’observe tous les ans depuis ces 10 dernières années, les ménages malgaches sont de moins en moins enclins à accrocher le drapeau national à leurs fenêtres.

Même si le 26 juin est une date qui ne devrait rien à voir avec les dirigeants du moment, dans les faits, l’amalgame est vite réalisé dans l’esprit du gens.

La morosité économique, la pauvreté, les difficultés au quotidien, les injustices qui se traduisent par une montée en puissance des vindictes populaires, tout ceci ont fait qu’au fil des années, la population ne se sent plus le besoin ni l’envie de se préoccuper de ce petit morceau de tissus vert rouge et blanc.

Notre fête nationale d’accord mais on fête quoi au juste ?

Notre indépendance ? Elle est belle notre indépendance dites donc. Car si c’était pour devenir le pays le plus pauvre et le plus corrompu au monde, il aurait été plus pertinent de rester colonie française.

Certes ce genre de réflexion peut constituer une insulte pour la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour obtenir justement l’indépendance de ce pays mais dans les faits, le comportement de ces gouvernants au quotidien n’est-il pas non plus une insulte à cette mémoire ?

Que penseraient nos fusillés de Moramanga ?

Ou ceux la même qui ont été jeté vivants d’un avion, en voyant 70 ans plus tard autant de vendus, de corrompus, de traîtres qui sont en train de brader ce pays pour quelques billets ?

Ils seraient sans doute effarés et conseilleraient très certainement à la population d’accrocher un drapeau noir, pour marquer le deuil face à cette indépendance assassinée à petit feu ces 50 dernières années. Rasanjy lui par contre doit boire du petit lait dans sa tombe, il n’espérait pas faire autant d’émules.

Puis on nous interdit l’usage de tsipopoka (pétards) car certaines poules mouillées ont peur pour leurs chastes oreilles. Les mêmes poules mouillées qui souhaiteraient dans le même temps que la population accroche ces drapeaux, pour que leur ego se sente rassuré, voire flatté ?

Non sans façon merci. Il n’y a pas que des moutons dans ce pays, vous pouvez tout me prendre mais permettez-moi encore de garder ma liberté de penser, comme chantait Florent Pagny.

Quand on aura à la tête du pays de vrais patriotes, humbles, intègres, incorruptibles, qui ne vendront pas leur âme au diable en échange d’un peu de S (avec ou sans la mama), quand le pays aura de vrais dirigeants qui considéreront leurs compatriotes comme de vraies priorités à mettre au coeur des préoccupations au quotidien, là oui le sentiment de fierté du Tanindrazanay malala pourra revenir.

Pas avant.